Qui sommes-nous

Le centre de jour

Situé au bas de la Côte-des-Neiges, à Montréal (Tiohtià:ke), Club Ami est né en 1983, d’un groupe de patient·es et d’ex-patient·es qui étaient désireux·euses de trouver une alternative à l’hospitalisation psychiatrique. Depuis, le centre de jour est reconnu comme port d’attache d’une communauté dynamique d’adultes ayant des problématiques de santé mentale sévères et persistantes et voulant faire des rencontres, retrouver des liens et un rythme de vie en s’activant dans une collectivité accueillante.

Voici trois repères de base pour la vie quotidienne au centre de jour :

L’accueil :
La porte du centre est toujours ouverte et personne n’a l’obligation d’être là. L’accueil est primaire (comme les couleurs) et travaillée autant par l’équipe que par les membres. Chacun·e participe à dédramatiser l’arrivée au centre de jour, à ouvrir la relation vers un lien social fort et à accepter toutes formes d’altérités. La vie en commun est réglée sur le respect du lieu, de l’ambiance, de soi-même et des autres.
N’oublions pas que tout le monde est arrivé ici une première fois, qu’il n’y a pas une seule façon d’arriver à Club Ami et que chacun·e fera de son mieux pour vous accueillir.
Les suivis cliniques et l’accompagnement :
La grande oreille clubamienne est à la disposition de qui a besoin d’être entendu·e. Selon la demande et selon nos capacités, nous pouvons accompagner la personne dans ses démarches personnelles en vue d’un rétablissement psychosocial. Des cercles de parole (sur la médication, la philosophie, les entendeurs de voix, etc.) peuvent être organisés afin d’échanger dans un esprit de solidarité et d’entraide.
Les activités et la vie quotidienne :
À chaque jour une activité ou un atelier est organisé par l’équipe ou les bénévoles, de la danse à une sortie au musée, d’un atelier photo à la piscine. Nous favorisons les sorties à l’extérieur du centre en période estivale. À chaque mois, nous tenons une réunion mensuelle des membres afin de décider collectivement du contenu du calendrier d’activités du mois prochain. Club Ami est ouvert cinquante semaines par années. La permanence d’un quotidien est importante et est à refaire à chaque jour avec ceux et celles qui veulent bien se prêter au jeu.

« Ici, on laisse libre cours aux opinions des membres, à leurs contradictions. Je pense que ce n’est pas important de faire toujours du sens. Il y a un côté amusant à être dans une forme de réalité où ce n’est pas important de savoir si les choses sont vraies ou non. Ici on nous laisse l’espace de développer plusieurs réalités. La structure ici n’est pas là pour me dire si ma réalité est vraie ou fausse. »

— Félix B.-C.

Notre orientation

« Que l’on ne considère donc [ce travail] que comme [destiné] à cerner ce point de résonnance qui inaugurera peut-être cette écoute que nous demandent les fous: “M’avez-vous entendu?” non pas en leur renvoyant un “je vous ai entendu!” ou le “je” ne marque jamais que l’irruption massive de notre imaginaire, mais bien plutôt d’un “nous nous entendons” dit ensemble au lieu de notre rencontre, au lieu de notre résonnance que l’on peut nommer : Amitié. »

— François Peraldi, 1978

Club Ami est né de la désinstitutionnalisation au Québec, comme beaucoup d’autres organismes communautaires en santé mentale. Or, supprimer les institutions ne supprime pas le réel qui a motivé leur création. Ce réel (nous disons la folie) est maintenant criminalisé, mis aux oubliettes dans les recoins de notre société ou méprisé par l’opinion générale. À Club Ami, loin de faire la distinction entre les normaux·ales et les fous·olles, nous prenons le temps de créer un nous qui peut élire plusieurs formes, plusieurs voix et plusieurs couleurs. C’est à partir de ce nous qu’il est possible de travailler ensemble vers l’établissement d’un lien fort et permettre une transition vers autre chose (un projet de vie, un rétablissement psychosocial, une diminution de la souffrance ou tout simplement un pas de côté).

C’est pourquoi nous côtoyons deux orientations cliniques :

La psychanalyse contemporaine : Que ça soit avec Wilfred Bion, Jacques Lacan, Donald Winnicott ou Maud Mannoni (et d’autres), nous dialoguons avec la psychanalyse afin de poser la question à savoir comment peut-on entendre avec ce nous, comment peut-on “déconner” ensemble (comme dirait Tosquelles) et rester attentif·ve, pour pouvoir se saisir des petites créations qui perlent nos conversations et alimentent la vie au centre.
La psychothérapie institutionnelle : Dans l’idée que Club Ami se positionne comme institution, nous sommes prudent·es de ne pas recréer des modes relationnels qui définiraient une hiérarchie entre les membres et l’équipe, entre Club Ami et le reste de la société. Comme le disait Maud Mannoni, en parlant des adultes : “vous vous êtes trompés, votre univers, nous, on n'en veut pas”.

François Tosquelles

Nous accueillons alors le chaos quotidien des présences au centre, les crises, les joies, les souffrances, sans condition si ce n’est que le respect général. De ce chaos, la vie reprend le dessus et permet la création, le lien et l’abris. Chaque jour, ce travail est à refaire.

C’est avec ces deux éthiques particulières que le travail est possible à Club Ami et que “personne prend le contrôle” comme dirait Michel, un membre. Notre objectif principal est donc d’offrir le plus de possibilités pour faire communauté (briser l’isolement, oui, mais en créant du lien). Club Ami ne se donne pas à lui-même une finalité (il n’y a pas de moment précis où un·e membre doit se rétablir, doit “guérir”). C’est à la personne de l’aménager, cette finalité (certain·es sont avec nous depuis 30 ans, d’autres passent le temps d’un été).